Accueil > Espace pros > Ça presse ! > Les rigolos sortent leurs diapos

A Morges, Recrosio, Barbezat, Aucaigne et consorts ouvrent leurs albums de vacances au public. Sympathique.

Les cinq humoristes, complices, dévoilent leurs voyages les plus mémorables.

Chez Recrosio, ça picole. On s’en doutait un peu, pour quiconque est tombé sur le faux chauve au gré d’un zinc, lancé vers le bout de la nuit comme dix sprinters jamaïcains vers le record du monde. Et comme l’humoriste ne cache rien, même pas son oiseau quand il montait tout nu sur scène au début de sa carrière, il invite carrément dans son salon pour compter les bouteilles. Et les gags, plus nombreux – c’est heureux.

Avant de retrouver Morges vendredi soir, la soirée diapos se préparait à Sion, la semaine passée. Le principe si délicieusement suranné à l’heure du numérique est né l’an dernier dans la tête de Frédéric Recrosio et de son compère Jean-Luc Barbezat. « On avait envie de réunir les copains dans un spectacle commun qui permette aussi des solos inédits, raconte le premier, il n’y avait pas de cadre, liberté totale. Il fallait juste raconter ses vacances. Certains sont vraiment partis, d’au­tres laissent jouer leur imagination. Mais l’important est de remettre au centre l’aspect de sélection, à l’heure où chacun possède des disques durs entiers de photos qu’il ne regardera jamais plus. »

La veille de la première, les « copains » serrent les derniers boulons. Thierry Romanens a répondu présent, ainsi que Sibylle Blanc et Pierre Aucaigne, très à cheval sur la disposition des amuse-gueules sur assiette. Recrosio veille sur le tempo de l’entrée des invités, qu’il convient de synchroniser avec la mise au frais des bouteilles que chacun apporte – malins, les créateurs du spectacle se sont associés à un encaveur du cru. « Sors le tire-bouchon avant, pour gagner du temps ! » conseille Barbezat à Recrosio. Bonne idée. Le rouge glougloute dans les verres, les cinq sont bien calés dans le fauteuil face au public, les diapos pourront tourner.

« Je pense qu’il existe une confraternité des humoristes romands », se rassure Recrosio en coulisses, parlant de ce mini et éphémère all stars band. Les quelques vannes à 26 minutes flattent plus qu’elles ne chatouillent le succès des deux Vincent qui, les premiers, parièrent sur un spectacle multimédia que cette soirée diapos reproduit. « Mais sous son angle rudimentaire, corrige le comédien. On est plus proches des soirées Connaissance du monde, qui ont cartonné bien avant l’invention du one-man-show. »

En termes de connaissances, celles de Barbezat visent l’encyclopédie au chapitre du folklore calorifique de notre beau pays. Le Pantagruel de l’absurde est parti en train de Neuchâtel déguster une fondue à La Tchaux, en passant par Lugano. Ne pas venir le ventre plein, les images proposées pouvant heurter la sensibilité intestinale de certains spectateurs. Dans un format plus reportage, Recrosio a aussi choisi la voie ferroviaire, direction Paris et les si étonnantes subtilités de nos voisins. Sévère mais juste. Sibylle Blanc choisit un mode plus carte postale, dans le ton et la forme, pour raconter son initiation à la plongée sous-marine. Romanens remporte la palme du bilan carbone : le chanteur a filé à Athènes avec son épouse et ramène stricto sensu le résultat visuel de son séjour chez les Grecs. Périlleux car pas toujours palpitant, mais le métier d’humoriste fait le reste.

Au milieu de ces devoirs de vacances bon enfant, Pierre Aucaigne saisit la salle par la puissance de son périple en Alaska, exercice de style (et de fonds) qui laisse toute la place à son talent de conteur totalement fou et offre à cette soirée une incursion brutale et bienvenue dans un délire sans balise. Malgré ses atours de bamboula fraternelle, la soirée diapos déroule une compétition implicite qui place Aucaigne au sommet du podium.


Morges, Beausobre Ve 7 (20 h) Rés. : 021 804 97 16 et sur www.beausobre.ch (24 heures)

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