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Le comédien français Pierre Aucaigne, mieux connu sous son personnage culte de Momo, est de retour sur scène en Belgique.

Le comédien français Pierre Aucaigne, mieux connu sous son personnage culte de Momo, est de retour sur scène en Belgique

"La Belgique me manquait car j’ai énormément tourné ici à une époque, confie Pierre Aucaigne, aujourd’hui âgé de 58 ans, et star de l’émission Bon Week-end sur la RTBF dans les années 90. Puis le métier a fait que je suis parti ailleurs. Le cinéma m’a ouvert les portes aussi récemment, un peu sur le tard en effet, mais ce n’est pas frustrant pour autant. Au contraire, je me suis régalé dans Chouquette avec Sabine Azéma et Michèle Laroque ou encore dans Dr. Knock avec Omar Sy. De très belles expériences ! Je risque sûrement de revenir bientôt dans le troisième volet des Bodin’s (sourire)."

Et dans votre rôle mythique de Momo, béret vissé sur la tête et lunettes cassées… Avec le recul et à force de l’avoir joué, ce personnage ne vous aurait-il pas un peu brûlé les ailes ?

"C’est toujours le danger de ce genre de personnage. Je me suis posé la question car avec le recul, le personnage était parfois trop omniprésent et il avait une empreinte forte sur la Belgique. S’en défaire n’a donc pas été facile… Il reste d’ailleurs encore fortement marqué dans l’esprit des gens."

Comment l’avez-vous géré ?

"Je l’ai géré sans me poser de questions graves. Je ne me suis pas demandé s’il fallait tout arrêter. Ça s’est fait en douceur car je suis parti au théâtre, avec Marc Herman pour la pièce Arme fatale , La bonne planque avec François Pirette ou encore Le Père Noël est une ordure . Je suis passé à une autre vitrine."

Le danger étant que l’on vous rappelle uniquement pour ce genre de rôle…

"Il faut être vigilant là-dessus, c’est un peu la rançon de la gloire. Il faut savoir en sortir de ce Momo, se laisser une porte de sortie pour ne pas faire que cela. Je l’ai réutilisé dans les Bodin’s mais j’ai aussi fait et montré d’autres choses comme ce Cessez ! avec lequel je tourne depuis pas mal d’années. Cessez ! est issu d’une phrase du spectacle, un signe de reconnaissance sur mon personnage du directeur de théâtre. À l’époque, avec Momo, c’était ma valise. Aujourd’hui, c’est le Cessez ! (sourire)"

Une reconnaissance de votre fantaisie de comédien ?

"Ça me fait plaisir, en effet. Mais il ne faut pas être campé que là-dessus car, un peu à l’image du personnage de fermière de Vincent Dubois dans les Bodin’s , le risque est d’être un peu coincé dans ce truc-là. Certains le font avec talent comme les Vamps, mais une fois qu’ils quittent leur costume, personne ne les reconnaît. Il ne faut pas avoir un ego surdimensionné et accepter que l’anonymat revienne aussi vite qu’il est parti."

Comment avez-vous vécu cette notoriété fulgurante ?

"À l’époque de Bon Week-end , ce fut parfois violent. Moi, je n’étais pas du tout rodé à cet exercice. Durant l’émission, j’ai fait des trucs qui m’ont agréablement surpris mais aussi un peu angoissé, comme voir cet engouement populaire de gens qui devenaient fans. C’était presque du fanatisme. C’était soit drôle, soit inquiétant. Comme ces gens qui venaient carrément habillés en Momo… Une belle reconnaissance mais ça pouvait aussi aller assez loin…"

Vous n’êtes jamais devenu schizophrène ?

"(Sourire). Oui, c’est vrai qu’il faut faire la part des choses. Il faut éviter ce genre de maladie… À un moment donné, ça devient bizarre, il faut penser à poser ses chaussures et rester les pieds sur terre. Ce qui n’est pas facile car on peut vite oublier tout ça et rester coincé là-dedans. Mais j’ai toujours été bien entouré pour éviter de décoller."

Vous avez été scénariste de Cubitus, verra-t-on un jour Momo en BD ?

"Oui, bien sûr ! Il y a eu des projets qui ont été élaborés et qui ne sont pas du tout abandonnés. On y pense toujours, c’est en cours. Comme de faire un bouquin de maximes ou de petites phrases. Voire un film ou une série, pourquoi pas ! Le personnage n’a pas encore disparu. Il reviendra !"

On pense que je suis belge

"Beaucoup pense que je suis belge, sourit l’humoriste français né à Barcelonnette (Basses-Alpes) et qui habite aujourd’hui en Suisse (Neufchâtel), ça ne me déplaît pas du tout ! Mais tout cela vient simplement du fait que j’ai fait l’émission Bon Week-end (mention spéciale à sa chanson Véronique écrite avec Frank Dubosc, voir dh.be) pendant un certain nombre d’années. Du coup, par le biais de la télévision où j’étais assez présent tous les vendredis dans la cuisine et salle à manger de chacun, on me prend pour un Belge."

Le comédien de 58 ans reviendra chez nous en janvier dans la pièce Funérailles d’hiver. "Une comédie contemporaine au Théâtre du Rideau à Bruxelles, en coproduction avec la Suisse. Je pense que je vais faire comme Charles Aznavour, je fêterai mes 100 ans sur scène (sourire) ! J’ai toujours l’adrénaline du jeu. Si je n’avais plus ce plaisir, je ne serais plus là."

Star au Canada

Avec son humour aussi visuel que burlesque, Pierre Aucaigne s’est aussi exporté avec succès dans des festivals québécois (dont le Comediha !) grâce son personnage de Momo. "Le désir de m’exporter davantage est toujours là, explique celui pour qui le rire ne s’apprend pas ("c’est plutôt un talent inné") dans des écoles au risque de formater l’humour. Mais il y a une contrainte logistique et de production économique plus complexe. Le Québec reste cependant un énorme souvenir car c’est un peu l’équivalent du public belge. Il est hyper enthousiaste sur un truc qui l’accroche très vite. Par contre, au Québec, on ne peut pas faire des allers-retours comme ici, la gestion de carrière est donc très compliquée. Il faut recommencer à zéro. Mais je ne regrette pas de l’avoir fait comme je l’ai fait, à savoir jongler entre les deux."


Propos recueillis par Pierre-Yves Paque
Source dhnet.be

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