Accueil > Espace pros > Ça presse ! > « André le magnifique » au théâtre Pré-aux-moines
Les Amis du Boulevard Romand, une institution de l’humour en Suisse francophone, donnaient les premières représentations d’« André le Magnifique », après un mois de répétition en résidence dans la salle de Cossonay.
Vendredi, samedi et dimanche passé s’ouvrait la saison 2015-2016 du Théâtre du Pré-aux-Moines. Les Amis du Boulevard Romand, une institution de l’humour en Suisse francophone, donnaient les premières représentations d’« André le Magnifique », après un mois de répétition en résidence dans la salle de Cossonay. Sur scène quatre acteurs et une actrice pour un spectacle qui est une vraie « pièce de troupe », comme ce fut le cas pour la Troupe de Molière constituée autour
de l’auteur à partir de 1643 et qui donna naissance, après sa mort, à la Comédie-Française.
Théâtre dans le théâtre Le texte a été écrit en 1997 par celle et ceux qui l’ont interprété. Et c’est ce qui en fait toute l’authenticité.
On se trouve dans une situation de « théâtre dans le théâtre », donc le spectateur va vivre la préparation d’une pièce par des amateurs jusqu’au lever de rideau.
En 1996, un an avant la création originale d’« André le Magnifique », était sorti un fabuleux film de Patrice Leconte, « Les Grands Ducs », avec un casting royal (Noiret-Marielle-Rochefort), dont la trame était aussi basée sur les coulisses d’une pièce de boulevard qui, elle, partait en tournée. Et lorsque les comédiens jouent des rôles de comédiens, ils ne se pardonnent rien... mais le font avec une grande tendresse. Ce fut autant le cas dans le film de Leconte que dans la pièce jouée le weekend
passé à Cossonay.
Ainsi, dans « André le Magnifique », le portrait de ce comédien, Jean-Pascal Faix, descendu de Paris et dégoulinant d’autosatisfaction, est caricatural, certes... mais pas si loin de la vérité parfois ! Il faut savoir que, si dans le « vrai monde » les rois
sont les présidents, ministres, maires et autres syndics, dans le « monde du faux », ce sont les comédiens qui gouvernent. Tout est fait pour eux, ils sont bichonnés et on leur passe pas mal de caprices. Du coup, lorsqu’ils sont en présence de gens qui les admirent ou les mettent religieusement sur un piédestal, certains en profitent. La petite troupe d’amateurs de la commune de Vigoule va en faire les frais en accueillant ce Jean-Pascal Faix, pour lequel la savane commence juste après la ceinture du Périphérique…
Au service de la pièce Disons-le tout de suite : les cinqacteurs de la troupe du Boulevard Romand ne sont pas de cette trempende comédiens-là. Eux, ils forment une vraie troupe de théâtre et c’est lànle principal plaisir du spectacle.
Tous sont au service de la pièce et rien que de la pièce. Par conséquent, cette énergie commune, ces échanges et ces réparties font mouche à tous les coups. Et dans ce concert à la fois hilarant et touchant, le Boulevard Romand fait jouer cinq premiers violons. Mention spéciale à la seule femme sur scène, Anne-France Tardiveau, pas seulement pour son « monologue » à mourir de rire, mais pour la justesse de son interprétation d’une ingénue qui n’est de loin pas une idiote. Elle est entourée d’un génial Pierre Aucaigne, qui nous fait balancer à chaque seconde entre le rire et l’émotion et d’un excellent Antony Mettler (également metteur en scène du spectacle, assisté par Frédéric Martin), qui s’en donne à cœur joie pour tracer les contours de ce personnage d’acteur parisien dont la fatuité est inversement proportionnelle à son talent.
La distribution est complétée par les deux formidables acteurs que sont Vincent Kohler (dans un rôle proche de celui de Raimu accueillant la chatte « Pomponette ») et Jacques Vassy (dont la scène dans le déguisement d’ours est un grand moment de
rire).
Le prochain spectacle de la saison arrive dès jeudi. Il s’agit de « La fille bien gardée », une performance de Christophe Nicolas interprétant tous les rôles de cette pièce de Labiche . Réservez déjà vos places pour cette pièce qui sera donnée pour la première fois (les 12, 13 et 14 novembre à 20h30) dans le nouvel espace scénique du théâtre, dénommé Le Pendrillon.
■ PASCAL PELLEGRINO